Sous l'impulsion d'Aménophis IV Akhénaton (XVIIIème Dynastie), l'art égyptien, tout en restant soumis aux règles strictes dictées par les considérations religieuses, adopte un style aussi révolutionnaire que l'est le dogme monothéiste proposé par Pharaon.
Véhicule de sa pensée, l'image utilisée par le roi ne se limite pas à celle du globe solaire, Aton, le dieu unique, créateur de toute vie. Faisant preuve d'une audace inouïe, il exploite son propre personnage et celui de la Grande Epouse Royale pour exprimer sa réforme.
Lire la suite...Le gonflement exagéré du bassin et des cuisses du couple royal, entre autres, évoque la source de vie, don du dieu qui les habite et qu'ils transmettent à leurs sujets.
Rien d'étonnant alors que la belle et mystérieuse Néfertiti - il s'agit probablement d'elle -, au buste d'adolescente, soit déformée au point de presque ressembler à une déesse stéatopyge.
Cette lourdeur est cependant atténuée par l'agencement savant et élégant du plissé au rayonnement quasiment solaire de la tunique et du châle gansé. Il assouplit ce corps auquel la matière, un très beau quartzite rouge, confère une intensité proche de la vie.
Loin des clichés habituels qui présentent Néfertiti par son seul visage, cette oeuvre, malgré les mutilations, est très suggestive : la souveraine devait s'avancer vers le dieu les yeux mi-clos et lever le bras droit en signe de respect.
L'emplacement d'un tenon antique de bronze témoigne de la position du bras et de la restauration exécutée sur une des rares statues de culte connues de l'épouse d'Akhénaton.